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Végétal Un gène pour garder ou non les épines des rosiers

La recherche fournit des connaissances fondamentales, les applications sont ensuite à envisager au cas par cas. En l'occurrence l'utilité, ou non, des aiguillons des tiges de rosiers.

Des recherches scientifiques ont révélé l’origine du développement des aiguillons.

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Des aiguillons, nommés parfois à tort des épines, sont présents chez plusieurs espèces de plantes très différentes : les aubergines et les tomates, mais aussi chez les rosiers. Cette caractéristique est une convergence évolutive, comme les ailes des insectes, des chauves-souris et des oiseaux. Une équipe internationale de chercheurs vient de publier dans la revue scientifique Science* le mécanisme génétique à l’œuvre dans le développement de ces excroissances. Et elle donne des clés pour les éliminer chez les plantes cultivées.

Un gène responsable des aiguillons

Grâce à diverses approches génétiques et en croisant différentes espèces d’aubergines, les chercheurs ont réussi à déterminer et à localiser le gène à l’origine du développement des aiguillons. Ce gène, dit LOG, est impliqué dans la synthèse de cytokinine, une famille d’hormones végétales qui favorise la prolifération cellulaire et le développement des organes. Leurs travaux ont montré que l’altération ou la suppression du gène aboutit à la disparition de ces aiguillons. Le gène LOG a ensuite été identifié chez plusieurs autres espèces, dont les rosiers.

Des travaux de recherche ont montré que l’altération ou la suppression du gène LOG aboutit à la disparition des aiguillons, notamment chez les rosiers. (© INRAE)

Des rosiers sans épines ?

« En réduisant l’expression de ce gène, les rosiers restaient identiques, hormis l’absence d’aiguillons », explique Mohammed Bendahmane, spécialiste des roses à l’Inrae qui a participé à l’étude (lire l’encadré). Cette recherche fondamentale pourrait-elle être utilisée par des obtenteurs ? Si le retrait des aiguillons chez les tomates et aubergines cultivées est pertinent, la question se pose un peu plus pour les rosiers. Cette caractéristique peut intéresser les professionnels pour la culture de fleurs coupées ou pour les roses utilisées en cosmétique et pharmacie comme celle de Damas. Mais elle semble moins judicieuse pour les rosiers de jardin. D’autant plus que la présence des aiguillons confère quelques avantages aux plantes qui en sont pourvues : ils les défendent contre les herbivores et favorisent la compétition avec certaines plantes. Mais ce sont également des zones de la plante qui transpirent moins et qui récoltent les gouttes de rosée, un avantage dans les régions où la sécheresse sévit. Par ailleurs, il existe déjà des rosiers sans « épines ». « Nous fournissons des connaissances fondamentales, les applications sont ensuite à envisager au cas par cas », estime Mohammed Bendahmane. Le rosier sert ici également de plante modèle, et notamment pour d’autres espèces appartenant à la famille des rosacées. Ces travaux pourraient donc avoir des implications sur d’autres espèces d’intérêt.

*James W. Satterlee et al., « Convergent evolution of plant prickles by repeated gene co-option over deep time ». Science, 2024.

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